Discussion sur le rôle croissant de la femme malagasy dans les sciences

Speeches Shim

Lundi, 11 février, 2019
Le Dr. Ravaomanalina pense que les filles peuvent apporter un grand changement au monde de la science.
PHOTO: A.G. Klei

Le Dr. Bako Harisoa Ravaomanalina, est convaincue que les femmes deviennent des leaders scientifiques à Madagascar. Elle est Enseignante-Chercheur à l'Université d'Antananarivo, bénéficiaire d'une bourse PEER de l’USAID (partenariats pour un engagement accru dans la recherche) et est en train de mettre en place une xylothèque de référence pour le bois de rose, le palissandre et le bois d’ébène de Madagascar. Elle a bien voulu s’entretenir avec nous pour nous parler de son projet et expliquer comment de plus en plus de femmes malagasy se font un nom dans les sciences.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le projet que vous faites grâce à la subvention PEER ?

Je viens de commencer mon projet dont l'objectif est de constituer une collection de référence sur le bois de rose, le palissandre et l'ébène malagasy à partir d’échantillons recueillis sur tout le territoire. Ensuite, nous allons créer des pépinières (culture de jeunes plants) et favoriser la plantation de bois de rose, de palissandre et de bois d’ébène dans l’ensemble de Madagascar.

Ce projet est très important pour Madagascar. Nous n'avons pas de collection de référence pour ces bois. Elle n’existe pas encore à Madagascar. Il existe une centaine d'espèces de Dyospiros (bois d'ébène) et une dizaine d'espèces de Dalbergia (bois de rose et palissandre). Donc, avant de pouvoir déterminer leurs noms scientifiques, elles doivent être placées en collection.

Le projet financé par PEER du Dr. Ravaomanalina met en place la première xylothèque de référence des essences de bois précieux.
Le projet financé par PEER du Dr. Ravaomanalina met en place la première xylothèque de référence des essences de bois précieux.

 

Est-il plus difficile de progresser dans la science si vous êtes une femme que si vous êtes un homme ?

Non, pas du tout à Madagascar, mais dans d'autres pays, oui. A Madagascar, tout est possible si vous avez la volonté. Je ne sais pas, c’est peut-être parce que j’ai vécu à Tana que j’ai eu des opportunités. Mais à Madagascar, vous pouvez toujours réussir. C'est possible pour les filles aussi.

Alors pour les filles, Madagascar est un bon endroit pour étudier les sciences ?

Depuis le lycée, les filles étaient toujours majoritaires dans notre classe : 70% de filles et 30% de garçons. Les parents pensent qu’ils peuvent envoyer les filles à l'école. Donc, les filles peuvent apporter un grand changement dans le monde de la science.

À Madagascar, le système éducatif encourage les filles à aller à l'école. Donc, on peut travailler dur avec de la volonté, ensuite on peut aller loin car à Madagascar, le système favorise l'éducation des filles.

Tous les étudiants qui ont choisi d’étudier la botanique et l’anatomie du bois sont des filles. Et Elles travaillent bien aussi. Elles sont sérieuses.

Quelle était votre réaction et celle de la communauté scientifique de Madagascar quand vous avez reçu la subvention PEER ?

Oh, j'étais contente parce que c'est une somme importante. Très importante. Personne dans mon département n'a jamais reçu un tel montant pour un projet. Et puis, je suis aussi passionné d'anatomie du bois et tout ce qui s’y rapporte. La subvention PEER me donne la chance de m’impliquer une fois de plus dans l'identification des bois précieux à Madagascar.

Tous mes collègues m'ont félicitée pour avoir obtenu ce ... euh ... je dirais que pour nous, c'est vraiment un honneur d'avoir reçu une somme aussi importante pour la recherche, car à Madagascar, les possibilités d’obtenir une subvention de recherches ne sont pas nombreuses. C’est très important.

Comment êtes-vous devenue scientifique et qu'est-ce qui vous a amené à étudier les bois précieux de Madagascar ?

Après le baccalauréat, j'ai suivi une formation à l'Ecole Nationale Supérieure pour devenir Enseignante. Ensuite, j'ai fait des études supérieures à l'Université d'Antananarivo, suivies de mon doctorat. Et je prépare maintenant ce projet. C'est pour vous dire que c'est seulement après mon Master que j'ai choisi de me spécialiser dans l'anatomie du bois. Cela m'a ouvert des portes pour travailler sur les baobabs de Madagascar. J'ai travaillé sur l'anatomie du bois, sur la datation de ces géants de la forêt. Ensuite, j'ai également eu l'occasion de travailler sur les bois précieux de Madagascar.

Que faut-il pour un Etudiant de réussir dans ce domaine ?

Il faut être très dynamique, toujours écrire des projets pour progresser dans la science. À l'Université d'Antananarivo, les enseignants commencent à prendre de l’âge et j'essaie déjà de préparer la relève dans ma discipline, qui est l'anatomie du bois et la botanique. J’essaie de rassurer les jeunes qu’ils ont une opportunité de poursuivre des études et faire ressortir leur personnalité à travers la science.

Pour les jeunes, le message est donc que vous devez toujours travailler. Vous devez toujours écrire, vous devez toujours aller de l'avant, quels que soient les obstacles que vous pourriez rencontrer, surtout lorsque vous êtes une fille ou une femme.

Selon le Dr. Ravaomanalina, il faut travailler dur et avoir de la volonté pour réussir.
Selon le Dr. Ravaomanalina, il faut travailler dur et avoir de la volonté pour réussir.